Archives mensuelles : février 2013

Message de Naima au sujet de son fils

Bonjour Murielle,
 
Je suis votre blog avec intérêt depuis peu.
Je suis Naima, maman de T. (garcon de 22 mois).
 
Suite à ma navigation sur le blog, j’ai pu lire d’une part des choses toujours très intéressantes qui me confortent dans ce que j’ai déjà entrepris, et d’autre part me donnent de super bonnes idées pour continuer dans de bonnes conditions. Par exemple, je sais qu’il faut que je sois moins approximative dans le matériel que je lui propose !
 
Je me permets de vous écrire car j’ai une question relative aux périodes sensibles :
 
J’ai remarqué que T. depuis quelques jours rangeait des aimants par forme et par couleur.
Ne sachant pas si c’était le fruit du hasard, j’ai scrupuleusement rangé les lettres et les chiffres par ordre croissant et ai observé plus attentivement les déplacements : plus de doute : il trie et range. Activité qui ne dure jamais très longtemps, car il va et vient dans ses activités journalières.
tri aimants
 
Ces aimants sont installés depuis très longtemps sur la porte d’entrée : chiffres et lettres, maisons et véhicules
Il avait compris très rapidement qu’il y avait un sens pour que les aimants adhérent à la porte, il a compris aussi que ça marchait sur le frigo et les radiateurs en expérimentant seul.
 
Ma question est la suivante : Quelle est cette période, combien de temps peut-elle durer ? A quoi correspond t-elle ? Que puis-je faire pour l’aider à conquérir cette période et développer ses compétences ?
 
J’adore ce que vous faîtes, merci pour vos contributions
 
 
En attente de vous lire,
 
« Pédagogiques » salutations

Ceci se passe dans une crèche (suite)

suite du texte de Aude, EJE

« Cette description de ce temps de transition entre un moment de jeu et le repas ainsi que le repas lui même est tirée de mes observations des premiers jours de stage. Il est sans doute important de noter que l’ensemble de la journée se déroule de cette manière c’est à dire que les moments repères qui permettent de rythmer la journée de l’enfant à la crèche et lui donner un cadre sécurisant sont inexistants.
J’observe que les enfants jouent tranquillement accompagnés d’adultes disponibles et à l’écoute de leurs besoins. Les professionnelles sont calmes, mesurées et non directives sur ces moments de jeu. Puis soudain, il n’est plus question de jouer, l’enfant doit arrêter son jeu, son activité, son expérimentation, ses découvertes. En un instant, il doit comprendre qu’il est temps de passer à autre chose parce que c’est l’adulte qui le dit, parce que  «   c’est l’heure  ». Ainsi, j’observe que, sans en rien comprendre, l’enfant est sollicité pour rejoindre le groupe plus ou moins rapidement selon les jours et le «  retard qu’on aura pris  », après avoir rangé la salle… ou non…
Je note en effet que les différents moments de la journée ne sont pas repérés par les enfants. On passe du jeu au repas sans transition, sans prendre le temps de préparer l’enfant, sans lui permettre d’être acteur dans ce changement. Alors, les enfants qui n’ont pas compris, ou qui n’ont pas été préparés au changement d’activité, n’adoptent pas l’attitude attendue par l’adulte. La tension monte, les enfants continuent leurs jeux ou bien s’agitent, se disputent. Les conflits augmentent et les interdictions des adultes se font plus nombreuses. On attrape un enfant par ci pour le mettre là, on tente de canaliser le groupe  : tous ensemble au même endroit au même moment. Puis la porte s’ouvre…
Les professionnelles sont fatiguées. Lors des réunions, l’équipe décrit les enfants de son unité comme des enfants « remuants, brouillons, uniquement dans la motricité, qui ne se posent pas ». Elle dit que « c’est un groupe difficile, impossible à canaliser, à gérer  »…

emboåtableenfiler_3 copiesalle de stimulation  copie

Il convient de replacer l’enfant au centre de notre questionnement et en cela je rejoins un point important de la pensée d’Emmi Pikler  : partir de l’enfant, de l’observation de l’enfant. Que nous dit l’enfant dans son agitation soudaine, dans ses débordements inattendus, dans son agressivité envers ses pairs  ? N’est-ce pas là, la mise en place de mécanismes de défense face à une insécurité trop grande générée par un enchaînement d’actions que l’enfant ne peut prévoir  ?
De même, je mesure combien l’enfant est «  objet  »  : transporté, déplacé, puis replacé, assis, nourri. Quelle conception a-t-on de l’enfant  ? Quelle possibilité a-t-il d’être «  sujet  », de participer, d’agir, de prendre des initiatives  ?
Je dégage donc deux points essentiels de mes questionnements. Comment organiser un moment de transition qui permette à l’enfant de se sentir sécurisé et qui s’inscrive dans une continuité de prise en charge  ? Comment permettre à l’enfant de se sentir acteur de sa vie à la crèche en respectant son individualité tout en le valorisant dans son inscription au sein d’un collectif  ?
Je trouve certaines réponses en m’appuyant sur différents points essentiels de la pédagogie d’Emmi Pikler  : organisation du cadre de vie, organisation des temps de vie: chacun a une place, réflexion méthodologique et définitivement: qualité des relations adultes-enfants basées sur la reconnaissance et la prise en compte des compétences de l’enfant.
L’accompagnement d’un enfant dans un changement d’activité ou au cours d’un repas fait partie intégrante du soin. Il faut une bonne organisation qui permette à la professionnelle d’être disponible pour l’enfant. De cette organisation dépend la qualité de la relation qui va s’établir entre l’enfant et la professionnelle et donc du bien-être de l’enfant accueilli.
Il faut donc repenser l’organisation de ce moment repas ainsi que le positionnement des adultes pour que l’enfant se sente dans une continuité de soin et se sente respecté et valorisé dans ces compétences.
Je rejoins à nouveau Emmi Pikler lorsqu’elle dit l’importance de soutenir les professionnelles, de les aider à penser leur travail tout en s’ajustant à là ou elles en sont dans leur cheminement professionnel. Il faut alors sans doute une certaine proximité. Je citerai Myriam David et Geneviève Appell pour appuyer mon propos  : «   c’est pourquoi l’organisation du travail prévoit des moyens qui doivent permettre à chacun de comprendre le sens des interventions qui lui sont demandées, de partager avec d’autres sa connaissance de chaque enfant, de trouver aide et soutien face aux problèmes rencontrés et de progresser dans sa compétence professionnelle  ».
C’est donc dans cette dynamique de travail en équipe que le «  projet repas de la section des grands-crèche  » est né. »

Suite et fin la semaine prochaine

Peindre dans le jardin

Aujourd’h’ui je vous propose de songer aux retour des beaux jours et de vous préparer très à l’avance pour mettre en place un atelier de peinture dans le jardin de la crèche ou la maison.

peindre

Il vous faudra :

  • un endroit bien dégagé du point de vue visuel (si ce n’est pas possible mettez votre matériel dans des caisses, le tout dans votre véhicule et rendez-vous dans la Nature proche de chez vous), calme et aéré
  • un chevalet rigide (un planche ou un carton tri-cannelures feront l’affaire) de la hauteur de l’enfant
  • un ensemble de godets de peinture (si possible sécurisés contre le renversement) déjà remplis
  • des pinceaux de différentes tailles, épaisseurs, formes de poils…
  • de grandes feuilles de format A3 au minimum (et de quoi les suspendre facilement)
  • un tablier de peinture (même s’il ne sera que symbolique car vous laisserez l’enfant se salir plus facilement que si c’était à l’intérieur)

La Nature va inspirer favorablement l’enfant et lui donner le goût de mélanger et tracer les couleurs sur le papier. Au début, ce sera bref. Ne lui demandez pas de se concentrer, tel Picasso, durant des heures devant son oeuvre.

Déplacer l’activité régulièrement afin de faire varier la perspective visuelle de l’enfant.

Ceci se passe dans une crèche

Ceci se passe dans une crèche…(texte partagé par Aude, future EJE )

image ayant un copyright montessori.fr

Douze enfants sont présents aujourd’hui. Toutes les professionnelles sont là  : deux auxiliaires et deux titulaires du CAP petite enfance. Il est 11h30.
Les enfants jouent, seuls où par petits groupes. Deux professionnelles sont assises au sol au milieu des enfants. Une autre termine de changer la couche d’un enfant. La quatrième consulte la feuille de transmissions.
Les enfants vont et viennent dans la pièce tout à leurs activités. Une grande quantité de jouets est éparpillée sur le sol. A vient de retourner un bac complet de jeu «Kaplas  ». M et D se lancent dans une course poursuite à travers la pièce. Une adulte assise au sol se lève et dit aux autres adultes  : «  Bon, ben  ! c’est l’heure du repas, on va y aller  » puis à tous les enfants à voix haute  : «  c’est l’heure d’aller manger, on va aller se laver les mains  ! Allez on y va  ». P quitte immédiatement sa construction, se lève et saute devant elle. A se lève également et s’approche d’elle calmement. Les autres enfants continuent leur jeu. Une autre adulte se lève et dit  : «  bon allez, on y va maintenant, on arrête de jouer  !  ». Elle se place devant la porte la main sur la poignée. P et A se placent à côté d’elle calmement. Une autre adulte tape dans les mains et dit  : «  allez, allez, on y va  ! M passe en courant à côté d’elle, elle l’attrape en passant et lui dit calmement  : «  Maintenant M, il faut te calmer, on va manger  ». M repart en courant et en criant. L’adulte rattrape la petite fille et lui dit d’un ton plus ferme  : «  Maintenant ça suffit, on a dit que c’était l’heure d’aller manger  ». Elle prend la main de la petite et l’accompagne jusqu’à la porte. Quelques enfants observent la scène puis reprennent leur jeu. P est reparti jouer. L’adulte appelle les enfants par leur prénom  : «  S, D, JB… on y va  !  » Une autre adulte parcourt la pièce pour ramener les enfants qui ne viennent pas. C’est la bousculade devant la porte fermée. M tombe par terre et pleure. L’adulte visiblement excédé sort le «  pousseur  » du groupe et l’assied dans un coin. L’adulte ouvre la porte et les enfants sortent en courant dans tous les sens. N chevauche une petite moto laissée dans le couloir. Les adultes crient  : «  ne courez pas  !  ». Les enfants rentrent dans la salle de repas  : 2 tables  «  haricot  » au centre de la pièce, une desserte le long du mur. M et S se disputent une place à table. L’adulte les sépare et leur demande d’aller s’asseoir sur le sol en attendant leur tour pour laver leurs mains. La bagarre continue une fois assises. N et L se balancent en riant et bousculent P qui se met à pleurer. Une fois les mains lavées, les enfants choisissent leur place à table et de nouvelles disputes éclatent. Finalement les adultes placent les enfants.
Pendant le repas, un adulte est assis devant la desserte, tournant le dos aux enfants. Elle prépare les assiettes en remplissant les compartiments. Les trois autres adultes circulent entre les tables, servant l’eau, le pain, apportant les assiettes tout en parlant entre elles. Les enfants sont agités, se disputent l’espace, les couverts, se poussent, se lèvent, crient, pleurent. Ils sont grondés, rassis. A la fin du repas, les adultes retirent les assiettes donnent les gants humides. Les enfants se débarbouillent seuls et se lèvent. Ils se pressent de plus en plus nombreux contre la porte, se bousculant et criant. L’adulte ouvre la porte et les enfants sortent en courant.

Nous verrons demain ce que Aude propose pour pallier aux soucis de temps de transition, de repas, de fatigue et d’énervement.

Jouer dans le jardin (suite)

Comme convenu, observons l’apport pédagogique du cheval à bascule.

cheval de bois

Tout comme la brouette, il va permettre à l’enfant de perfectionner son développeur moteur, grâce à l’étirement de grands muscles, la recherche de l’équilibre lors de la montée et de la descente du cheval.

Du point de vue conscience du centre de gravité, ce petit cheval, est peut-être nouveau pour l’enfant. En tous les cas, il lui impose de se pencher de l’avant vers l’arrière tout en maintenant son équilibre grâce à ses mains et bras, pour ressentir le balancement.

La question de sécurité se pose sur cet objet, alors qu’elle ne se posait pas pour la brouette.

Etant donné que le cheval se trouve dans le jardin, qui est aux normes de sécurité (sol en terre souple ou dalles normées), cela ne pose pas de problème. Et au contraire, l’enfant pourra expérimenter sans danger la perte d’équilibre.

Sur le choix du cheval à bascule, il va sans dire, qu’il faut prendre son temps, comme pour tout matériel pédagogique actuel. Le mieux est de le voir expérimenter par les enfants eux-mêmes. Les anciens jouets, en bois, étaient souvent bien conçus.

Demain, nous continuons à explorer l’aménagement du jardin.

Jouer dans le jardin

Voici quelques idées d’aménagement pour les bébés marcheurs, nouveaux ou non.

cheval & brouette

Tout d’abord pour aider à perfectionner l’équilibre et la marche. Voici par exemple, sur la photo prise dans un jardin d’école Montessori pour les 2-3 ans, une brouette et un cheval à bascule.

Parlons aujourd’hui de la brouette. Elle va développer les grands muscles et l’équilibre du marcheur. Il faut se baisser, poser ses deux mains à la bonne hauteur pour soulever en même temps l’objet. Prendre un temps d’équilibrage et puis avancer. Si la brouette est lourde, ce sera plus facile au niveau de l’équilibre que si elle est vide. Deux exercices différents donc en fonction de son remplissage. Ensuite l’enfant peut effectuer un parcours plus ou moins tortueux. La brouette peut buter sur des obstacles. Il apprend très vite aussi à la basculer pour vider son contenu et le remplir.
L’enfant doit être attentif et bien anticiper les obstacles, sinon, son élan est stoppé net. Rapidement, s’il y a plusieurs brouettes dans le jardin, une course de brouette sera lancée par les enfants eux-mêmes, source de rires garantis.

Selon, moi, c’est un véritable objet plaisant à proposer à l’enfant, à côté duquel, il ne faut pas passer, pour les garçons comme pour les filles !

PS : Si vous pouvez trouver une brouette en bois ou en fer, c’est encore mieux ! Envoyez-moi la photo de la vôtre accompagnée d’un commentaire que nous publierons.

A demain pour parler du cheval à bascule.

 

 

Quand interrompre l’enfant ?

La première règle est d’interrompre le moins possible l’action, la conversation, l’instant dans lequel est le bébé (pour qui que se soit en fait).
On ne casse pas la concentration de l’enfant sauf raisons très valables.

Ensuite, cela dépend de l’âge de l’enfant.
En dessous de 3 ans, lorsqu’ils explorent du matériel conçu et préparé pour eux, on n’interrompt l’action qu’en cas de danger pour le manipulateur, les autres ou le matériel.
Au-dessus de cet âge, l’enfant doit avoir vu comment utiliser le matériel avant d’y avoir accès.

Par conséquent, on ne dit que rarement NON.
Si vous le dites c’est qu’il y a quelque chose à changer. Soit l’environnement (le bébé ne peut ramper dans une direction, et vous avez de bonnes raisons de le lui interdire. Afin d’éviter le NON, mettez une limite physique à l’espace et vous n’aurez pas besoin d’ajouter une limite verbale, qui peut être cause de frustration au bébé.
Soit votre attitude : un bébé assis dans un bac à sable va prendre du sable, le lancer, le porter à la bouche. Si cela vous dérange profondément au point de dire NON ou attention toutes les 5 minutes. attendez d’être prêt pour asseoir votre bébé dans le bac à sable.

jeter sable

La pédagogie Montessori, c’est la liberté avec un environnement adapté et de solides règles et limites.

PS voir aussi le post « le pouvoir du OUI » sur ce même blog

Les quatre phases du développement de l’enfant

Selon Maria Montessori, de O à 24 ans, la personne se développe selon 4 phases temporelles :
De 0 à 6 ans c’est la petite enfance
De 6 à 12 ans c’est l’enfance
De 12 à 18 ans c’est l’adolescence
De 18 à 24 ans c’est la maturité
Les époques 1et 3 sont comparables car un temps de nouvelles acquisitions et les époques 2 et 4 temps de perfectionnement.
Actuellement,  dans notre fratrie,  nous avons des enfants en période 1, 3 et 4. En tant que parents, c’est utile d’aider ses enfants à grandir, connaissant les caractéristiques de ces moments de croissance.
La petite enfance est celle des périodes sensibles (voir post précédent), celle des fondements de la personnalité, celle d’une indépendance de mouvements,  celle de l’explosion du langage (écrit et parlé).
L’adolescence sera celle de l’indépendance intellectuelle, de changements profonds physiologiques, moraux et sociaux.
La maturité se passera d’autant bien que l’adolescence aura été épanouissante. Elle sera l’aboutissement de ces métamorphoses successives et permettra au potentiel humain de s’épanouir.

enfants

Sur ce blog, nous ne traitons que la première phase, mais avons en tête, la continuité du développement total de l’individu.