Les bandes dessinées sur la trisomie sont rares. Sur la parentalité, il y a de plus en plus d’albums peu originaux où l’homme raconte sa transformation en père, à travers des situations plus ou moins comiques.
Ici, l’événement qui est décrit nous amène à nous poser de vraies questions.
L’auteur devient le père d’un enfant trisomique, ce qui bouleverse sa conception de la vie, des apparences, des préjugés, de la beauté… Combien de temps mettra-t-il à accepter ce bébé ? Est-ce que cet enfant pourra un jour être autonome et si oui, quand ?
C’est certain : Fabien Toulmé sait raconter une histoire. Il accouche d’un récit poignant, drôle, bouleversant. On s’imagine être à sa place, on réfléchit sur la vie, sur le destin, sur ce qui est certain, ce qui ne l’est pas.
L’auteur passe pas plusieurs phases, alors que sa conception de la vie se heurte à la réalité et que plusieurs courants s’affrontent dans sa tête : anxiété, tristesse, énervement, jalousie envers les parents ayant eu un enfant dit « normal »…
« Est-ce qu’un jour je l’aimerai comme ma fille ? », « Est-ce que j’arriverai à la voir autrement que comme une trisomique ? » « Est-ce que je serai un bon père pour elle ? » se demande-t-il.
On est happé par le récit et l’intensité du sujet.
En revanche, le livre n’est pas aussi percutant lors d’une deuxième lecture, où l’on voit plus facilement les défauts : il y a une dizaine de pages en trop, le dessin est parfois approximatif (les nez de certains personnages sont bizarres) et on a l’impression générale que l’auteur se plaint tout le long de ce qui lui est arrivé.
Mais ne passez pas à côté. Ce livre a bousculé la vie de l’auteur, il vous bousculera aussi.
Samson