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Comment remédier à l’anxiété de la séparation ressentie par le bébé ?

Hier nous avons évoqué cette période sensible chez le bébé.

Aujourd’hui, voyons quelles sont les façons d’accompagner les enfants durant cette période sensible à l’anxiété de la séparation ?
Il faut être aimant pour les enfants (sans pour autant se substituer à sa famille si nous sommes un éducateur ou une assistante maternelle). L’équilibre n’est pas toujours facile à trouver.
Il faut avoir à l’esprit que l’objectif commun à l’adulte et à l’enfant est son autonomie.
Les paroles doivent être encourageantes, stimulantes, accompagnantes et positives.
Si, dans une structure type crèche ou petite école, l’enfant veut s’asseoir sur nos genoux, on peut lui proposer «Tu peux t’asseoir à côté de moi. Je suis très près de toi aussi.»
«Je vois que tu vas bien, je peux reculer un peu, et je suis toujours là».
L’aide vient aussi des autres enfants plus âgés, plus autonomes déjà, qui montrent l’exemple de comportement et de réaction aux plus jeunes.
Nous pouvons leur dire « Regarde T. comme il est content de jouer après que sa Maman lui ait dit au revoir. »

Organiser une rencontre pas trop conventionnelle avec les parents au cours de laquelle on leur explique ces points importants dont celui de la séparation :

  • Toujours dire au revoir à son enfant et dire qu’on revient le chercher.
  • Toujours dire aux enfants que les parents vont venir les rechercher.
  • Toujours dire à l’enfant quand on s’en va et qu’on revient,  même dans la maison.

Dans les crèches, on développe un rituel de l’au revoir, de la séparation.
La marionnette est un bon outil de communication, intermédiaire entre l’enfant et l’adulte.
On chante ensemble ces petits moments, cela rassure l’enfant, l’englobe.
Une chanson sur l’amour de la maman peut être un rituel qui les aide émotionnellement.

mots magiquesVous trouverez votre bonheur dans l’énorme répertoire d’Anne Sylvestre !

On demande aux parents de nous donner pour leur enfant, des objets de transition, albums de photos, doudous personnels.

Ceci se passe dans une crèche (suite)

suite du texte de Aude, EJE

« Cette description de ce temps de transition entre un moment de jeu et le repas ainsi que le repas lui même est tirée de mes observations des premiers jours de stage. Il est sans doute important de noter que l’ensemble de la journée se déroule de cette manière c’est à dire que les moments repères qui permettent de rythmer la journée de l’enfant à la crèche et lui donner un cadre sécurisant sont inexistants.
J’observe que les enfants jouent tranquillement accompagnés d’adultes disponibles et à l’écoute de leurs besoins. Les professionnelles sont calmes, mesurées et non directives sur ces moments de jeu. Puis soudain, il n’est plus question de jouer, l’enfant doit arrêter son jeu, son activité, son expérimentation, ses découvertes. En un instant, il doit comprendre qu’il est temps de passer à autre chose parce que c’est l’adulte qui le dit, parce que  «   c’est l’heure  ». Ainsi, j’observe que, sans en rien comprendre, l’enfant est sollicité pour rejoindre le groupe plus ou moins rapidement selon les jours et le «  retard qu’on aura pris  », après avoir rangé la salle… ou non…
Je note en effet que les différents moments de la journée ne sont pas repérés par les enfants. On passe du jeu au repas sans transition, sans prendre le temps de préparer l’enfant, sans lui permettre d’être acteur dans ce changement. Alors, les enfants qui n’ont pas compris, ou qui n’ont pas été préparés au changement d’activité, n’adoptent pas l’attitude attendue par l’adulte. La tension monte, les enfants continuent leurs jeux ou bien s’agitent, se disputent. Les conflits augmentent et les interdictions des adultes se font plus nombreuses. On attrape un enfant par ci pour le mettre là, on tente de canaliser le groupe  : tous ensemble au même endroit au même moment. Puis la porte s’ouvre…
Les professionnelles sont fatiguées. Lors des réunions, l’équipe décrit les enfants de son unité comme des enfants « remuants, brouillons, uniquement dans la motricité, qui ne se posent pas ». Elle dit que « c’est un groupe difficile, impossible à canaliser, à gérer  »…

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Il convient de replacer l’enfant au centre de notre questionnement et en cela je rejoins un point important de la pensée d’Emmi Pikler  : partir de l’enfant, de l’observation de l’enfant. Que nous dit l’enfant dans son agitation soudaine, dans ses débordements inattendus, dans son agressivité envers ses pairs  ? N’est-ce pas là, la mise en place de mécanismes de défense face à une insécurité trop grande générée par un enchaînement d’actions que l’enfant ne peut prévoir  ?
De même, je mesure combien l’enfant est «  objet  »  : transporté, déplacé, puis replacé, assis, nourri. Quelle conception a-t-on de l’enfant  ? Quelle possibilité a-t-il d’être «  sujet  », de participer, d’agir, de prendre des initiatives  ?
Je dégage donc deux points essentiels de mes questionnements. Comment organiser un moment de transition qui permette à l’enfant de se sentir sécurisé et qui s’inscrive dans une continuité de prise en charge  ? Comment permettre à l’enfant de se sentir acteur de sa vie à la crèche en respectant son individualité tout en le valorisant dans son inscription au sein d’un collectif  ?
Je trouve certaines réponses en m’appuyant sur différents points essentiels de la pédagogie d’Emmi Pikler  : organisation du cadre de vie, organisation des temps de vie: chacun a une place, réflexion méthodologique et définitivement: qualité des relations adultes-enfants basées sur la reconnaissance et la prise en compte des compétences de l’enfant.
L’accompagnement d’un enfant dans un changement d’activité ou au cours d’un repas fait partie intégrante du soin. Il faut une bonne organisation qui permette à la professionnelle d’être disponible pour l’enfant. De cette organisation dépend la qualité de la relation qui va s’établir entre l’enfant et la professionnelle et donc du bien-être de l’enfant accueilli.
Il faut donc repenser l’organisation de ce moment repas ainsi que le positionnement des adultes pour que l’enfant se sente dans une continuité de soin et se sente respecté et valorisé dans ces compétences.
Je rejoins à nouveau Emmi Pikler lorsqu’elle dit l’importance de soutenir les professionnelles, de les aider à penser leur travail tout en s’ajustant à là ou elles en sont dans leur cheminement professionnel. Il faut alors sans doute une certaine proximité. Je citerai Myriam David et Geneviève Appell pour appuyer mon propos  : «   c’est pourquoi l’organisation du travail prévoit des moyens qui doivent permettre à chacun de comprendre le sens des interventions qui lui sont demandées, de partager avec d’autres sa connaissance de chaque enfant, de trouver aide et soutien face aux problèmes rencontrés et de progresser dans sa compétence professionnelle  ».
C’est donc dans cette dynamique de travail en équipe que le «  projet repas de la section des grands-crèche  » est né. »

Suite et fin la semaine prochaine

Ceci se passe dans une crèche

Ceci se passe dans une crèche…(texte partagé par Aude, future EJE )

image ayant un copyright montessori.fr

Douze enfants sont présents aujourd’hui. Toutes les professionnelles sont là  : deux auxiliaires et deux titulaires du CAP petite enfance. Il est 11h30.
Les enfants jouent, seuls où par petits groupes. Deux professionnelles sont assises au sol au milieu des enfants. Une autre termine de changer la couche d’un enfant. La quatrième consulte la feuille de transmissions.
Les enfants vont et viennent dans la pièce tout à leurs activités. Une grande quantité de jouets est éparpillée sur le sol. A vient de retourner un bac complet de jeu «Kaplas  ». M et D se lancent dans une course poursuite à travers la pièce. Une adulte assise au sol se lève et dit aux autres adultes  : «  Bon, ben  ! c’est l’heure du repas, on va y aller  » puis à tous les enfants à voix haute  : «  c’est l’heure d’aller manger, on va aller se laver les mains  ! Allez on y va  ». P quitte immédiatement sa construction, se lève et saute devant elle. A se lève également et s’approche d’elle calmement. Les autres enfants continuent leur jeu. Une autre adulte se lève et dit  : «  bon allez, on y va maintenant, on arrête de jouer  !  ». Elle se place devant la porte la main sur la poignée. P et A se placent à côté d’elle calmement. Une autre adulte tape dans les mains et dit  : «  allez, allez, on y va  ! M passe en courant à côté d’elle, elle l’attrape en passant et lui dit calmement  : «  Maintenant M, il faut te calmer, on va manger  ». M repart en courant et en criant. L’adulte rattrape la petite fille et lui dit d’un ton plus ferme  : «  Maintenant ça suffit, on a dit que c’était l’heure d’aller manger  ». Elle prend la main de la petite et l’accompagne jusqu’à la porte. Quelques enfants observent la scène puis reprennent leur jeu. P est reparti jouer. L’adulte appelle les enfants par leur prénom  : «  S, D, JB… on y va  !  » Une autre adulte parcourt la pièce pour ramener les enfants qui ne viennent pas. C’est la bousculade devant la porte fermée. M tombe par terre et pleure. L’adulte visiblement excédé sort le «  pousseur  » du groupe et l’assied dans un coin. L’adulte ouvre la porte et les enfants sortent en courant dans tous les sens. N chevauche une petite moto laissée dans le couloir. Les adultes crient  : «  ne courez pas  !  ». Les enfants rentrent dans la salle de repas  : 2 tables  «  haricot  » au centre de la pièce, une desserte le long du mur. M et S se disputent une place à table. L’adulte les sépare et leur demande d’aller s’asseoir sur le sol en attendant leur tour pour laver leurs mains. La bagarre continue une fois assises. N et L se balancent en riant et bousculent P qui se met à pleurer. Une fois les mains lavées, les enfants choisissent leur place à table et de nouvelles disputes éclatent. Finalement les adultes placent les enfants.
Pendant le repas, un adulte est assis devant la desserte, tournant le dos aux enfants. Elle prépare les assiettes en remplissant les compartiments. Les trois autres adultes circulent entre les tables, servant l’eau, le pain, apportant les assiettes tout en parlant entre elles. Les enfants sont agités, se disputent l’espace, les couverts, se poussent, se lèvent, crient, pleurent. Ils sont grondés, rassis. A la fin du repas, les adultes retirent les assiettes donnent les gants humides. Les enfants se débarbouillent seuls et se lèvent. Ils se pressent de plus en plus nombreux contre la porte, se bousculant et criant. L’adulte ouvre la porte et les enfants sortent en courant.

Nous verrons demain ce que Aude propose pour pallier aux soucis de temps de transition, de repas, de fatigue et d’énervement.